If God did not exist, it would be necessary to invent him
This statement by Voltaire was so famous that Flaubert included it in his Dictionnaire des idées reçues, and it is still frequently quoted today. But where does it first appear? And what precisely did Voltaire mean when he wrote it? Does it imply, as most of Voltaire's parrots seems to suppose, that God is a fictitious being, created for the comfort of the human race?In its original form, the statement first appeared in a verse epistle from 1768, addressed to the anonymous author of a controversial work, The Three Impostors. According to Voltaire, this was a virulently atheistic text that denied the existence of a divine being. He found that this was an extremely dangerous work since it put into question a notion that was very useful for society: the idea that criminals would be punished in the afterlife. Thus, even when policing was insufficient, there was a strong deterrent against crime.
In this poem, Voltaire develops in a general way the idea that the existence of God (or the belief therein) helps establish social order. He then goes on to boast of his own role in eliminating prejudice and injustice in the eighteenth century. In its final sections, the poem turns to personal satire, as Voltaire attacks some of his favorite enemies.
As such, the text shows many of Voltaire's complexities, both in his philosophy and in his personality. Although he attacked the abuses of the Catholic Church throughout his life, he also spoke as a defender of religion on many occasions. If he is today often portrayed as a radical opponent of all religious sentiment, this is largely the result of accusations from his opponents and nineteenth-century polemical exchange.
Note: In publishing this text, it is not the wish of the Voltaire Society of America to begin theological or religious debate. We simply hope to shed some light on the origins of Voltaire's statement. If you with to copy the text, you are welcome to do so.
Voltaire [1768], Epître à l'auteur du livre des Trois imposteurs
(OEuvres complètes de Voltaire, ed. Louis Moland [Paris: Garnier, 1877-1885], tome 10, pp. 402-405)
De lézards et de rats mon logis est rempli;
Mais l' architecte existe, et quiconque le nie
Sous le manteau du sage est atteint de manie.
Consulte Zoroastre, et Minos, et Solon,
Et le martyr Socrate, et le grand Cicéron:
Ils ont adoré tous un maître, un juge, un père.
Ce système sublime à l'homme est nécessaire.
C'est le sacré lien de la société,
Le premier fondement de la sainte équité,
Le frein du scélérat, l'espérance du juste.
Si les cieux, dépouillés de son empreinte auguste,
Pouvaient cesser jamais de le manifester,
Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Que le sage l'annonce, et que les rois le craignent.
Rois, si vous m'opprimez, si vos grandeurs dédaignent
Les pleurs de l'innocent que vous faites couler,
Mon vengeur est au ciel: apprenez à trembler.
Tel est au moins le fruit d'une utile croyance.
Mais toi, raisonneur faux, dont la triste imprudence
Dans le chemin du crime ose les rassurer,
De tes beaux arguments quel fruit peux-tu tirer?
Tes enfants à ta voix seront-ils plus dociles?
Tes amis, au besoin, plus sûrs et plus utiles?
Ta femme plus honnête? et ton nouveau fermier,
Pour ne pas croire en Dieu, va-t-il mieux te payer?...
Ah! laissons aux humains la crainte et l'espérance.
Tu m'objectes en vain l'hypocrite insolence
De ces fiers charlatans aux honneurs élevés,
Nourris de nos travaux, de nos pleurs abreuvés;
Des Césars avilis la grandeur usurpée;
Un prêtre au Capitole où triompha Pompée;
Des faquins en sandale, excrément des humains,
Trempant dans notre sang leurs détestables mains;
Cent villes à leur voix couvertes de ruines,
Et de Paris sanglant les horribles matines:
Je connais mieux que toi ces affreux monuments;
Je les ai sous ma plume exposés cinquante ans.
Mais, de ce fanatisme ennemi formidable,
J'ai fait adorer Dieu quand j'ai vaincu le diable.
Je distinguai toujours de la religion
Les malheurs qu'apporta la superstition.
L'Europe m'en sut gré; vingt têtes couronnées
Daignèrent applaudir mes veilles fortunées,
Tandis que Patouillet m'injuriait en vain.
J'ai fait plus en mon temps que Luther et Calvin.
On les vit opposer, par une erreur fatale,
Les abus aux abus, le scandale au scandale.
Parmi les factions ardents à se jeter,
Ils condamnaient le pape, et voulaient l'imiter.
L'Europe par eux tous fut longtemps désolée;
Ils ont troublé la terre, et je l'ai consolée.
J'ai dit aux disputants l'un sur l'autre acharnés:
"Cessez, impertinents; cessez, infortunés;
Très-sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères,
Et ne vous mordez plus pour d'absurdes chimères."
Les gens de bien m'ont cru: les fripons écrasés
En ont poussé des cris du sage méprisés;
Et dans l'Europe enfin l'heureux tolérantisme
De tout esprit bien fait devient le catéchisme.
Je vois venir de loin ces temps, ces jours sereins,
Où la philosophie, éclairant les humains,
Doit les conduire en paix aux pieds du commun maître;
Le fanatisme affreux tremblera d'y paraître:
On aura moins de dogme avec plus de vertu.
Si quelqu'un d'un emploi veut être revêtu,
Il n' amènera plus deux témoins sa suite [2]
Jurer quelle est sa foi, mais quelle est sa conduite.
A l'attrayante soeur d'un gros bénéficier
Un amant huguenot pourra se marier;
Des trésors de Lorette, amassés pour Marie,
On verra l'indigence habillée et nourrie;
Les enfants de Sara, que nous traitons de chiens,
Mangeront du jambon fumé par des chrétiens.
Le Turc, sans s'informer si l'iman lui pardonne,
Chez l'abbé Tamponet ira boire en Sorbonne.[3]
Mes neveux souperont sans rancune et gaîment
Avec les héritiers des frères Pompignan;
Ils pourront pardonner à ce dur La Blétrie [4]
D' avoir coupé trop tôt la trame de ma vie.
Entre les beaux esprits on verra l'union:
Mais qui pourra jamais souper avec Fréron?
[1] Ce livre des Trois Imposteurs est un très-mauvais ouvrage, plein d'un athéisme grossier, sans esprit, et sans philosophie.
[2] En France, pour être reçu procureur, notaire, greffier, il faut deux témoins qui déposent de la catholicité du récipiendaire.
[3] Tamponet était en effet docteur de Sorbonne.
[4] La Bletterie, à ce qu'on m'a rapporté, a imprimé que j' avais oublié de me faire enterrer.
Voltaire [1768], "Epistle to the author of the book, The Three Impostors". This rough English translation was done by Jack Iverson. I have tried to give an exact rendering of the content of the text, largely ignoring (alas!) stylistic matters.
Voltaire's Notes